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Stéphane Saubole - Rédacteur

Musique - Fonkadelica - Juan Rozoff - 2003

28 Avril 2012 , Rédigé par stephanesaubole Publié dans #Musique

JUAN ROZOFF

 

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© Photos Fonkadelica.com and S. Saubole

 

INTERVIEW EXCLUSIVE - BORDEAUX 2003

Et ANALYSE ROZOFIENNE :)

Le côté funky de l’histoire


Flamenco, Lampes Statues, Brassens et Beatles. Enfuyez-vous de vos chapelles et découvrez l’univers protéiforme, avec une bonne pincée de groove, du maltésien, séduisant et forcément funky, Juan Rozoff.


A l’aube des années quatre-vingt dix, toute une jeunesse françaises habituée des salles de concerts et déjà sensible au rock fusion des Red Hot Chili Pepper, de Fishbone et de Urban Dance Squad, trébuche, surprise et hilare, sur la funky originelle de Maceo Parker. Les prestations scéniques inouïs de l’ancien JB et des ses comparses Fred Wesley et Pee Wee Ellis, en croisade dans nos contrées juste après avoir gravé l’album « Life on planet groove », réchauffaient le corps et l’âme d’une génération qui se voyait sans avenir. Dans le sillage de cette sainte trinité de cuivres, se pressaient, parfois désordonnés mais toujours inspirés par l’esprit du groove, FFF première mouture, la Malka Family, Demain les poulpes, les Coquines, talonnés par les jeunes Duck Bill Familly et quelques autres collectifs de joyeux gaulois. Dans cet univers festif du funk français, Juan Rozoff, âgé de 24 ans, se distingue, dès la sortie de son premier album, en 1991, par sa volonté d’occuper le devant de la scène et ses textes à connotation sexuelle. La presse spécialisée, troublée, se précipite sur cet auteur compositeur interprète multi-instrumentiste et le consacre d’emblée petit « Prince » hexagonal. Paradoxalement, son premier opus « Jam Session » est un fourre-tout, certes astucieux et parfois brillant, où se télescopent rock, java, influences africaines et chanson française. Aujourd’hui encore l’artiste avoue ne « pas préférer la funk au reggae ou au flamenco » même s’il « s’exprime funky avant tout ».


Les « lampes statues » et le « Funk gitan »


Mais après cet alléchant album initial et les concerts flamboyants qui l’accompagnaient, Juan Rozoff disparaissait subitement du paysage musical. Les gilets en plume et les poses sexy masquaient bien mal, en réalité, l’hypersensibilité d’un être humain qui souhaite aujourd’hui parler, dans ses chansons, « d’amour tel qu’(il) le ressent réellement ». Seules des collaborations discrètes avec Human Spirit ou le groupe de rap MKO et des productions de musiciens rythmèrent doucement les onze longues années qui séparent Jam Session de son second album, "Abalorladakor". Sensible à tous les arts, notre funkyman s’était éloigné de la musique pour confectionner des lampes statues délirantes. Il concède timidement avoir aussi écrit quelques poèmes qu’ il ne publiera jamais. S’étant écarté un temps de la voie de la création musicale, Juan Rozoff n’en demeure pas moins un passionné, fou de toutes les musiques et heureux de disserter à l’infini sur les origines de la soul « cette culture du gospel que le peuple noir américain a su dériver subtilement. » comme celles de la chanson française « issu du jazz et de la musique manouche. Ecoutez bien Brassens ou Aznavour ! ». Et comme les belles histoires sont de petites bêtes qui voyagent beaucoup, il est aussi question, avec Juan, de grand-mère gitane et d’amour immodéré pour le flamenco, « cette musique magique, profonde, puissante, dansante, codée mais toujours ouverte, libre à l’improvisation et très populaire ». Ce « blues » latin, dont certains gitans paysans, totalement illettrés de coins perdus d’Andalousie se répétaient, dans leurs têtes, inlassablement, les couplets, pour ne pas les oublier, fascine notre funkasteer au point d’avoir rêvé au merveilleux mariage des thèmes rythmiques virtuoses du flamenco et de la funky. Déjà involontairement, Juan Rozoff choisit des harmonies mineures, avec une saveur andalouse ou arabe. « Lorsque j’ai eu la chance de jouer avec l’accordéoniste Roberto de Brachov, je me suis aperçu que j’étais très proche de ce que j’ai baptisé le funk gitan. » jure-t-il avec un grand sourire.


Les disques de la cousine


Nous avons tous dégotté quelque chose qui nous colle à la peau dans les piles de vinyles d’un oncle d’un grand frère ou d’un cousin. Le jeune Rozoff a lui succombé aux disques des Beatles de sa cousine. « Je trouvais cette musique sublime je continue à la trouver sublime et je la trouverai sublime jusqu’à mon dernier jour. » Sa musique, plus rythmique que mélodique, semble pourtant éloignée de celle des « Fab four » ou de celle du rock anglais des Boomtowns Rats de Bob Geldof qu’il affectionne également. Leurs œuvres côtoient pourtant, avec bonheur, dans sa discothèque, celles de Joe Henderson, de Steve Coleman ou de Stevie Wonder.


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© Photos Fonkadelica.com and S. Saubole 

 

La place du Juan


Pour les amateurs français de funk, Juan Rozoff est depuis 10 ans un bon tuyau, un morceau que l’on cale en soirée entre deux « James », et désormais un concert que l’on annonce comme l’on révèle une bonne adresse. Mais, en raison du décalage actuel entre la qualité des prestations scéniques des artistes et la reconnaissance du grand public, qui s’acquiert par l’intermédiaire des stations de radio et des maisons de disque, la partie est encore loin d’être gagné pour les vrais funkers. L’époque d’un James Brown, star mondiale aux 300 concerts par année paraît bien révolue. « L’avènement du Disco a marqué un tournant dans le business, un frein aux authentiques artistes de scène » précise Juan Rozof qui rappelle que même le « Soul Brother N°1 » a connu alors une traversée du désert. A son niveau, Juan pâtit de la rupture de son contrat avec Barclay qui a récemment supprimé Abalorladakor des bacs, après 11 ans de collaboration et de travail « respectable et respecté ». La page est donc tournée avec un nouveau départ en destination de toutes les salles de France pour celui qui se perçoit comme quelqu’un « qui crée de bric et de broc afin qu’il se reconnaisse et qu’ on le reconnaisse ». Ni musicien virtuose, ni chanteur d’exception, il demeure un compositeur inspiré et original et un authentique grooveur.


« Make it funky » ! 


Car déjà, les titres les plus groove de “Jam Session” tels que la chanson éponyme de l’album, Matin gris ou Paquet Malhonnête attestaient incontestablement du talent d’un créateur plus inspiré par la rythmique brownienne que par les délires clintoniens ou les vocalises de Sly Stone. En cette même époque, Juan Rozoff connut l’insigne honneur, d’enregistrer l’un de ses propres morceaux en studio, pendant deux nuits et une journée, avec Bootsy Collins et Fred Wesley. Demeuré depuis très ami avec le tromboniste qui rendait heureux James Brown, il le décrit comme « un gentleman qui a laissé une emprunte funk dans mon cœur et illustre la joie de vivre, la chaleur humaine et l’ouverture d’esprit de cette musique ». Après s’être aventuré dans de nombreux univers musicaux, notre homme s’est donc naturellement recentré vers le funk pour la réalisation en 2001 de son deuxième album Abalorladakor et les nombreuses prestations scénique de l’année 2003. Aujourd’hui il se sent simplement « Plus vieux. Plus heureux. Plus funky que jamais. »


Texte et interview réalisée par Rémi Boncoeur (pseudonyme de Stéphane Saubole)

 

http://www.fonkadelica.com/rozoff2003.html

Car déjà, les titres les plus groove de “Jam Session” tels que la chanson éponyme de l’album, Matin gris ou Paquet Malhonnête attestaient incontestablement du talent d’un créateur plus inspiré par la rythmique brownienne que par les délires clintoniens ou les vocalises de Sly Stone. En cette même époque, Juan Rozoff connut l’insigne honneur, d’enregistrer l’un de ses propres morceaux en studio, pendant deux nuits et une journée, avec Bootsy Collins et Fred Wesley. Demeuré depuis très ami avec le tromboniste qui rendait heureux James Brown, il le décrit comme « un gentleman qui a laissé une emprunte funk dans mon cœur et illustre la joie de vivre, la chaleur humaine et l’ouverture d’esprit de cette musique ». Après s’être aventuré dans de nombreux univers musicaux, notre homme s’est donc naturellement recentré vers le funk pour la réalisation en 2001 de son deuxième album Abalorladakor et les nombreuses prestations scénique de l’année 2003. Aujourd’hui il se sent simplement « Plus vieux. Plus heureux. P

© Photos Fonkadelica.com and S. Saubo

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