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Stéphane Saubole - Rédacteur

Musique - Inédit - Miles Davis - Juillet 2012

20 Août 2012 , Rédigé par stephanesaubole Publié dans #Musique

The Miles Davis Story !

MilesDavisStory

 

Le documentaire The Miles Davis Story retrace l’existence tumultueuse et le parcours musical de l’une des icônes du XXe siècle. En dépit de quelques digressions de moindre intérêt, l’évocation de cette fabuleuse aventure artistique fascine…

 

Comme à toutes les personnalités qui ont cultivé un don pour la « formule », de très nombreuses en furent attribuées – parfois indûment – à Miles Davis ! On ne saura donc jamais s’il  a réellement déclaré, évoquant sa première prestation scénique avec Charlie Parker et Dizzy Gillespie, « avoir vécu l’expérience la plus excitante de sa vie… tout habillé » ! Il est en revanche avéré que le trompettiste - alors âgé de 18 ans ! - a accompagné, lors de concerts dans sa ville de Saint-Louis, Illinois, les deux révolutionnaires du be-bop en tournée avec le big band de Billy Eckstine. Le documentaire revient sur la quête de ce jeune homme qui convainquit son père de l’inscrire à la prestigieuse Juillard School Of New-York et qui passa plus de temps à fréquenter les clubs de la ville afin de retrouver Dizzy et Bird.

 

Une expérience musicale de près de soixante ans !

 

Il serait cependant inexact de mésestimer l’intérêt qu’a toujours porté Miles Davis à toutes les formes de la musique « européenne ». On apprend ainsi, par sa fille et par sa deuxième épouse, la danseuse de ballet Frances Taylor, qu’il n’écoutait jamais de Jazz chez lui, mais Chopin, Bartok, Debussy, Katchaturian, Ravel… et du Flamenco. Par delà le récit chronologique d’une expérience musicale de près de soixante ans, ce sont des extraits musicaux bien choisis et des témoignages exceptionnels qui donnent toute leur saveur à The story of Miles Davis. Le réalisateur Mike Dibb  (également auteur de long-métrages dédiés à Keith Jarret ou à Astor Piazzolla ), relayé à l’écran pas Ian Carr, trompettiste, compositeur, critique et écrivain, n’évite certes pas tous les écueils inhérents au genre… Mais bien que l’on regrettera des passages un tantinet longs concernant la vie intime ou des raccourcis quant à l’évolution musicale, cette biographie filmée de Miles Dewey Davis III présente cependant avec finesse ses univers successifs. A titre d’exemples, l’épisode de Birth of the cool, ou  les injustement méconnus A Tribute to Jack Johnson ou Aura y ont droit de cité.

  Miles DavisFrançoisDucasse 

  Miles Davis durant les 80', un cliché inédit de François Ducasse

 

Avec une morgue magnifique, Miles Davis échange avec ses interlocuteurs sur la boxe ou Picasso, sur le blues ou Gil Evans, sur son exécration viscérale du racisme… Mais les véritables « moments de bravoure » du film se révèlent incontestablement les très nombreuses confidences des musiciens qui l’ont accompagné au cours des décennies. Le très sous-estimé Clark Terry – idole de jeunesse de Miles et également originaire de Saint-Louis – se rappelle de sa première rencontre avec un adolescent timide. Dizzy Gillespie explique comment Miles Davis a du progresser au contact des pionniers du bop et Jimmy Cobb nous livre quelques anecdotes afférentes à la légendaire session de Kind Of Blue

 

 

Vie de couple, racisme et musique à l’époque de Kind Of Blue

 

On ressent l’admiration qu’éprouve l’immense Gil Evans et la tendresse de la chanteuse Shirley Horn pour le génial brigand ! L’épisode germanopratin d’Ascenseur pour l’échafaud est évoqué par les « frenchies » Michelot et Utreger, alors que Ron Carter et Herbie Hancock nous content avec brio l’histoire du second quintet !

 

Le second quintet raconté par Ron Carter et Herbie Hancock !


Jack DeJohnette, Dave Holland, Chick Corea, Joe Zawinul, Don Alias ou  Dave Liebman nous guident dans les contrées de ce continent que fut Miles. Les larmes et le sourire de John McLaughlin, le complice qui lui avait lui avait fait découvrir Hendrix, émeuvent… Parmi les musiciens choisis comme accompagnateurs dans les 80’, Bill Evans (le saxophoniste ) et Marcus Miller restituent avec humour leur première rencontre avec le « maître »… et John Scofield de se remémorer ses insultes et sa magie.

 

 

Les confidences de Vince Wilburn, de John Scofield, de Marcus Miller…

 

Si à la vision du film, Miles ne semble pas usurper sa réputation de « sale type », il apparaît d’une intégrité artistique absolue tout au long de son itinéraire de musicien, de compositeur et de leader. Cette intransigeance – « je ne me laisse rien prescrire de personne » énonce-t-il fermement – et son intarissable créativité ont suscité l’admiration des plus grands. Une anecdote rapportée par Keith Jarett nous éclaire sur cette obsession à toujours s’affranchir de ses œuvres précédentes.

 

 

Le processus créatif raconté par ses acteur, à l’époque de Bitches Brew

 

A défaut d’être une leçon de morale, The Miles Davis Story, excède de très loin le propos de la biographie et nous invite auprès d’un « révélateur de l’irréel » dans sa quête prométhéenne. Deux heures à partager les moments princiers de la Great Black Music avec un immense artiste…

 

Stéphane Saubole


 

The Miles Davis Story

Réalisé par Mike Dibb

Distribution et édition : Sony Music Video

Durée : 125 mn

Diffusé à la télévision britannique en 2001

Date de sortie en DVD : décembre 2002

 

 

 

 

 

 

 

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