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Stéphane Saubole - Rédacteur

Sport - Chronique Radio Accords - Fondation du football - Mars 2008

29 Avril 2012 , Rédigé par stephanesaubole Publié dans #Sport et société

Quel avenir pour la Fondation du Football ?

 

 

Il y a un peu moins d’un mois, « L’Equipe » annonça la création d’une « Fondation du Football » sous l’égide de la Fédération Française. Conçue, d’après les mots du Président Jean-Pierre Escalettes, afin de « remettre les valeurs fondamentales dans le football et notre société », cette entité se distinguerait par l’importance d’un budget prévisionnel annoncé à 2 M d’euros et par la composition de son conseil d’administration.

 

La présidence de la Fondation du Football est assumée par Philippe Seguin, dont on connaît la passion  pour le fait footballistique. Plus surprenant, cohabitent au sein du Conseil d’administration le philosophe André Comte-Sponville, le directeur de l’Institut des relations internationales Pascal Boniface, l’actuel député de la Seine Saint-Denis Patrick Braouezec, le chirurgien Gérard Saillant ou le directeur des rédactions du Figaro  Etienne Mougeotte. On relève également la présence conjointe de deux anciens ministres délégués aux sports : la socialiste Edwige Alice ainsi que le double champion olympique et fidèle chiraquien Jean-François Lamour. La participation de l’ancien président du PSG Michel Denisot ainsi que de quatre dirigeants fédéraux n’étonne guères, à contrario de celle de l’actuel sélectionneur de l’équipe de France de beach-soccer. Eric Cantonna a laissé le souvenir d’un joueur au talent immense mais aux comportements parfois virulents sur et en dehors de l’aire de jeu. Des faits d’armes que n’ont manqué de relever les journalistes de l’AFP auxquels l’ancienne star de Manchester a répondu : « C’est justement quand on l’a vécu qu’on peut se rendre compte que c’était de grosses erreurs. On en tire des enseignements, et on peut transmettre quelque chose. »… Enfin le curieux aéropage recense dans ses rangs trois champions prestigieux, parrains des principaux axes d’action. Lilian Thuram est l’ambassadeur du « respect de soi ».  Bixente Lizarazu, défend la cause de l’environnement et Corinne Diacre celle du « respect des autres ».

 

Des actions de prévention jusqu’ici « inaudibles » !

 

La Fondation du Football n’adoptera son statut officiel que dans quelques mois. Définie par une loi en date de 1987, la notion de fondation s’exprime en « un acte juridique par lequel une ou plusieurs personnes physiques ou morales décident d’affecter irrévocablement des biens, droits ou ressources à la réalisation d’une œuvre d’intérêt général à but non lucratif ». L’initiative de la FFF de créer un tel organisme – doté de la personnalité juridique par décision des autorités étatiques - apparaîtra légitime au regard de l’essence même d’une fédération sportive. On lit dans le Code du sport, désormais le texte référent en la matière depuis une loi de 2004, que les fédérations sportives sont constituées conformément à la loi de 1901 et ont pour objet l’organisation de la pratique d’une ou de plusieurs disciplines. En schématisant, elles regroupent d’autres associations telles que les ligues régionales, les comités départementaux et les clubs. Précisons que l’Etat dans notre pays « exerce la tutelle des fédérations sportives» et peut  leur délivrer des agréments dans l’optique de l’exécution d’une mission de service public. Cet aspect législatif semblerait théorique si on ne rappelait que les fédérations agréées reçoivent du ministère de tutelle un concours financier dans des conditions fixées par une convention d’objectifs… Soumise aux mêmes droits et obligations que les autres fédérations, la FFF se singularise, de facto, par l’universalité du sport qu’elle encadre, par la fréquentations dans les stades, par son audience médiatique et par ses 2 150 000 licenciés. On peut postuler que c’est cette primauté qui vaut au football d’être tristement atteint par certains des pires maux de notre société. Ce constat, bien entendu, ne l’exonère en rien des faits ignominieux qui ont récemment concerné son élite, et de ceux moins médiatisés qui gangrènent les championnats des divisions inférieures. Les terrains des amateurs sont malheureusement le théâtre d’incivilités et d’actes de violence répétés, liés ou non aux discriminations. Jean-Pierre Escalettes a récemment avoué que les actions fédérales d’éducation ou de prévention demeuraient « inaudibles » !

 

Un arsenal juridique inappliqué ?

 

Lors de la création de la Fondation, les bonnes intentions furent convoquées en usant de l’habituelle dialectique socio-citoyenne. Citons : « Le football est un acteur puissant de la vie en communauté, de l’animation locale, de la mixité sociale. Il est un lieu déterminant de l’apprentissage de la règle, de socialisation, d’intégration, de partage, de rapprochement et de pacification…». Détaché de tout cynisme, on ne peut juger qu’avec dilection la création d’une structure autonome qui implique des personnalités symboliques et serait doté de moyens pécuniaires conséquents ; tout en ne s’interdisant pas de formuler quelques interrogations. Pourquoi l’arsenal juridique récemment renforcé n’est pas appliqué par les pouvoirs publics avec toute la vigueur requise ? Le Code du sport punit d’un an d’emprisonnement et de 15 000 euros d’amende toute incitation à la haine ou à la violence dans une enceinte sportive. Une Loi permet aux préfets de prononcer des interdictions de stades pour les individus constituant « une menace pour l’ordre public ». Un autre texte autorise la dissolution par décret d’associations ou groupements de fait violents ou sectaires. Par ailleurs, comment analyser l’inefficacité d’institutions aussi puissantes que la Fédération Française de Football ou la Ligue Professionnelle de Football  ? La LFP a certes plutôt montré l’exemple ces dernières années en prononçant un match à huis-clos dès 2001, en adoptant la Charte éthique du football en 2002 et la Charte contre le racisme en 2004. Cette saison, et pour la première fois en Europe, un point a été retiré à un club pour le comportement raciste de certains de ses supporters. Les règlements de la FFF stipulent eux que « Les clubs qui reçoivent…sont responsables des désordres qui pourraient résulter avant, pendant ou après le match du fait de l’attitude du public, des joueurs et des dirigeants ou de l’insuffisance de l’organisation. ». Le Conseil d’Etat a considéré le 29 octobre 2007 que ce point réglementaire ne contredisait pas le principe constitutionnel de responsabilité personnelle en matière pénale. Enfin on est en droit de s’interroger sur la future contribution, in concreto, de la Fondation du Football. Le site de la FFF nous apprend qu’ « après quelques mois consacrés à la définition précise des programmes tests, à l’élaboration des outils nécessaires à leur mise en œuvre, et à l’identification des clubs « pilotes », les premières actions devraient intervenir au début de l’automne prochain ». A suivre !

 

Stéphane Saubole

 

http://www.fondationdufootball.com

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S
Quelque peu oubliée, cette fondation...
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S
Cette article est toujours d actualité meme apres 4 ans. Les scandales eclates toujours de toutes parts. Un vrai feu d artifices d arnaque. Le foot se meurt.
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C
Blog(fermaton.over-blog.com)No.7- THÉORÈME SOCCER. - L'Objet détermine ta pensée ?
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C
Blog(fermaton.over-blog.com)No.7- THÉORÈME SOCCER. - L'Objet détermine ta pensée ?
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