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Stéphane Saubole - Rédacteur

Musique - Buika IV - Juillet 2018

10 Juillet 2018 , Rédigé par stephanesaubole Publié dans #Musique

 

 

Buika - La confirmation

 

 

Né Dionisio Jesús Valdés Rodríguez, le 9 octobre 1941, Chucho Valdés est un pianiste de jazz et compositeur cubain, dont la carrière s'étend sur 60 ans. Il est le fils de Bebo Valdés et le père de Chuchito Valdés, tous deux également pianistes. Son oeuvre mêle jazz, musique cubaine et musique classique.

Sa formation musicale débuta dès sa prime enfance, chez lui, avec son père, ainsi que sa mère professeur de piano et chanteuse. Cet environnement lui permit d'appréhender, très jeune, tous les genres musicaux. À l'âge de trois ans, il était capable de reproduire au piano, avec ses deux mains, les mélodies qu'il entendait à la radio. À cinq ans, il reçut des leçons (théorie, solfège) d'Oscar Muñoz Boufartique, puis suivit, jusqu'à quatorze ans, le cursus du Conservatoire musical de la Havane. Chucho Valdés se perfectionna avec des cours privés donnés par Zenaida Romeu, Rosario Franco, Federico Smith et Leo Brouwer (composition). 

Il forma son premier trio de jazz à quinze ans avec Emilio del Monte et Luis Rodríguez. Dès 1958, il travailla comme pianiste dans des hôtels de La Havane. Un an plus tard, il fit ses début avec l'orchestre Sabor de Cuba, dirigé par son père. Cette formation accompagna de nombreux chanteurs comme Rolando Laserie, Fernando Álvarez et Pío Leyva. À cette époque, il joua dans un cabaret, dont son père, Bebo Valdés, était le directeur artistique. Il lui fallut savoir tout faire, aussi bien accompagner des vedettes de passage (Sarah Vaughan, Nat King Cole, etc.) ou des solistes de jazz (Woody Herman, Milt Jackson) que de jouer des pièces du compositeur espagnol Manuell de Falla ou des créations du Cubain Ary Barroso. Entre 1961 et 1963, il devint pianiste pour les orchestres du "Teatro Marti" ou du "Teatro Musical de la Habana". Il créa un combo auquel s'ajouta, en 1965, un chanteur connu sous le nom de «Guapachá». Le premier enregistrement de Chucho comme leader date de 1964 dans des studios de La Havane. Ces sessions concernaient également Paquito D'Rivera, au saxophone alto et à la clarinette, Alberto Giral au trombone, Julio Vento à la flûte, Carlos Emilio Morales à la guitare, Kike Hernández à la contrebasse, Emilio del Monte à la batterie et Óscar Valdés Jr aux congas.

Il choisit de rester à Cuba sous le régime castriste - contrairement à son père - et constitua des formations musicales essentielles du pays, comme l'Orquesta Cubana de Música Moderna, en 1967. Il fut l'un des directeurs de ce "big band all-star" qui réunissait les meilleurs musiciens de l'île et accompagnait parfois des chanteuses telles que Elena Burke ou Omara Portuondo. Participant, en 1970, à un festival de jazz en Pologne - une première pour une formation cubaine dans ce style musical - il y fut félicité par Dave Brubeck qui le classa parmi les cinq meilleurs pianistes au monde avec Bill Evans, Oscar Peterson, Herbie Hancock et Chick Corea. 

En 1973, après avoir gravé l'album Jazz Batá avec Carlos del Puerto et Óscar Valdés, il forma Irakere, considéré comme le groupe le plus important de musique cubaine de la seconde moitié du XXe siècle : un mélange inédit et explosif de jazz, de rock, de classique et de musique traditionnelle. Irakere, conjuguant les racines cubaines avec les formes d'expression internationales les plus novatrices, s'inspira du songo comme du jazz nord-américain ou des sources africaines, révolutionnant ainsi toute la musique latine. Le groupe Irakere fut le premier groupe cubain à recevoir un grammy (1980).

Simultanément, Chucho Valdés poursuivit  une carrière solo, signant pour Blue Note Records, ce qui lui offrit une exposition internationale et une reconnaissance sur tous les continents. Il a publié 31 albums, dont six ont reçu des prix, pour 14 nominations aux Grammy. Ce fut son fils Chuchito qui le remplaça au sein d'Irakere. Depuis 2010, il mène un quintette, les Afro-Cuban Messengers, dont la configuration est à géométrie variable mais qui lui vaut de nouveau une reconnaissance internationale. Cette nouvelle formation mêle les grands acteurs de la musique cubaine des cinquante dernières années et de jeunes musiciens. Par ailleurs, Chucho et Bebo se produisirent parfois ensemble, jusqu'au décès du père en 2013. Il reçut plusieurs distinctions dont un doctorat honoris causa de l'université de Victoria (Canada), un du Berklee College of Music et un autre de l'institut supérieur des arts de La Havane. Le 16 octobre 2006, Chucho Valdés fut nommé, lors d'une cérémonie au Vatican, ambassadeur de bonne volonté de l'Organisation des Nations Unies pour l'alimentation et l'agriculture. Depuis, il donne des concerts à La Havane, chaque mois d'octobre, pour le "jour mondial de l'alimentation". Il composa le thème Haití volverá, dont il a cédé tous les droits en faveur des victimes de l'ouragan qui a frappé ce pays.

Au cours de son immense carrière, Chucho Valdés collabora avec Herbie Hancock, Billy Taylor, Kenny Barron, Michel Legrand, Franck Emilio, Michel Camilo, Chano Dominguez, Marian Marpartlan, Mulgrew Miller, John Lewis, Chick Corea, Gonzalo Rubalcaba, Brandford et Wynton Marsalis, Carlos Santana, Joe Lovano, Grover Washington Jr, Dizzie Gillespie, Hugh Fraser, David Sánchez, George Benson, Taj Mahal, Max Roach, Jack DeJohnette, Ron Carter, Idris Muhamed, Eddie Gómez, Gato Barbieri, Giovanni Hidalgo,Tito Puente et avec divers big bands. Ayant fréquenté les scènes du monde entier, Chucho Valdés a donné un concert sans précédent, en 2012, avec quatre pianos. Le brésilien Egberto Gismonti, le panaméen Danilo Pérez et le cubain Gonzalo Rubalcaba l'accompagnèrent pour une représentation inédite. Chucho revendique le caractère novateur de son jazz afro-cubain et estime que l'on doit s'ouvrir aux différents styles musicaux qui existent dans le monde entier, tout en créant de nouveaux.

À l'initiative de ce rapprochement de Chucho Valdés et de Buika, datant de 2009, le producteur Javier Limón fut inspiré par son précédent succès avec l'album Lágrimas negras, qui avait réuni, en 2003, Bebo Valdés et le chanteur de flamenco Diego el Cigala. Lágrimas negras reçut un accueil enthousiaste du public et de la critique comme en témoignent les 700 000 exemplaires vendus dans le monde (disque de platine en Espagne, en Argentine, au Mexique et au Venezuela) et les multiples prix (un grammy, trois Premios de la Música, un Premio Ondas, cinq Premios Amigo).

Buika & Chucho Valdés - Présentation de l'album

Une fois formé, le couple artistique de Concha Buika et Chucho Valdés décida de s'attaquer au répertoire d'une autre personnalité "bigger than life". Chavela Vargas, née María Isabel Anita Carmen de Jesús Vargas Lizano, en 1919 au Costa Rica, et décédée en 2012 à Cuernavaca au Mexique, était une chanteuse considérée comme une figure de la musique ranchera. Issue d'une famille costaricienne, qui, très tôt, la rejeta, elle quitta son pays d'origine pour gagner le Mexique et chanter dans les rues. Durant les années 1940, elle se lia d'amitié avec Diego Rivera et Frida Kahlo, devenant l'amante de cette dernière. Âgée de 30 ans, elle fut repérée par le célèbre chanteur et compositeur José Alfredo Jiménez qui devint l'auteur de certains de ses principaux succès. Elle interpréta ces morceaux, à sa manière, seule avec sa guitare, ralentissant le tempo pour parvenir à une plus grande tension dramatique. Au milieu des années 1950, elle se produisit dans des cabarets de Mexico ou à Acapulco, alors destination touristique internationale. Elle y aurait chanté pour l'un des mariages d´Elizabeth Taylor.

Chavela Varga connut son heure de gloire dans les années 1960 et 1970, effectuant des tournées internationales et enregistrant de nombreux albums, tout en s'affirmant rebelle. Vêtue comme un homme, fumant et buvant comme un homme, portant un pistolet, elle scandalisa son époque. Elle était proche de l'écrivain Juan Rulfo ou du compositeur et parolier Agustín Lara. S'ensuivit une période longue de quinze ans durant lesquels la chanteuse, en proie à une forte addiction à l'alcool, interrompit sa carrière musicale, qu'elle ne reprit qu'en 1991. Dans son premier livre autobiographique (Y si quieres saber de mi pasado, 2002), elle parla de ses "15 ans en enfer", ainsi que de sa lutte contre l'alcoolisme  Elle affirma avoir bu dans sa vie 45 000 litres de tequila... Toujours soutenue par son ami, le réalisateur Pedro Almodóvar - qui parlait de "la voz áspera de la ternura" - elle figure dans la BO de plusieurs de ses films, dont La Fleur de mon secret (La Flor de mi secreto), sorti en 1995. Son interprétation de Tú me acostumbraste s'entend également dans le film Babel, en 2006, réalisé par Alejandro González Iñárritu. De retour, Chavela Vargas se lança dans une tournée mondiale triomphante, se produisant à l'olympia de Paris et au Carnegie Hall de New York. Admirée par Lhasa, Lila Downs ou Luz Casal, la chanteuse reçut le Prix d'excellence musicale de l'Académie des Sciences latines et des arts de l'Enregistrement en 2007. Elle enregistra plus de 80 albums durant sa longue carrière.

Lors d'un entretien télévisé, en 2000, elle évoqua son homosexualité et tous les obstacles qu'elle dût surmonter, tous les préjugés qu'elle affronta. À l'issue d'un ultime concert donné à Madrid, le 10 juillet 2012, pour présenter son album (La Luna Grande) dédié au poète Federico García Lorca et son autobiographie (Dos vidas necesito), elle fut hospitalisée dans la capitale espagnole en raison d'importants troubles respiratoires. Rapatriée au Mexique et admise en soins intensifs dans un hôpital de Cuernavaca, elle y décèda le 5 août 2012, âgée de 93 ans. Cinq ans après sa mort, le documentaire Chavela Vargas, réalisé par Catherine Gund et Daresha Kyi, lui fut consacré et permit de découvrir l'une des plus grands interprètes de musique populaire du siècle passé. 

Trailer du documentaire "Chavela Vargas"

El Último Trago fut donc, en 2009, la rencontre d'un maestro du jazz afro-cubain avec l'artiste Concha Buika, interprétant les chansons de style ranchera originellement chantées par la légendaire Chavela Vargas. L'idée du disque viendrait de Pedro Almodóvar, grand admirateur des deux chanteuses, toujours dithyrambique lorsqu'il les évoque. Il les classe dans la même catégorie qu'Édith Piaf, quand la critique cite Nina Simone, Cesaria Evora ou Billie Holiday. Buika avait interprété, pour une scène d'un de ses films, le titre Se Me Hizo Facil, associé à Chavela Vargas. Le réalisateur espagnol l'aima tant qu'il insista auprès de Buika pour qu'elle enregistre un album entier dédié au répertoire de Chavela. Le projet reçut l'acquiescement de Chavela Vargas qui considérait que Buika s'était engagé sur le bon chemin comme chanteuse, que sa voix lui rappelait la sienne et qu'elle était, d'une certaine façon, sa petite fille noire. Buika parlait de "sa maman blanche".

Pourtant, Buika resta sienne dans son hommage qui ne versa en rien dans la révérence compassée. Quand on écoute l'album dans son intégralité (voir ci-dessous), on peine à croire que l'opus fut enregistré en seulement deux jours, tant les protagonistes proposent une oeuvre cohérente mais inédite, avec cette tension de la voix de Buika, le génial équilibre du piano de Chucho Valdés, accompagnés d'un bassiste, de deux percussionnistes et plus ponctuellement d'une trompette ou d'une guitare. El Último Trago reçut un "Latin Grammy Awards 2010: Best Traditional Tropical Album" et le titre Se Me Hizo Facil (voir ci-dessous bis), un "Latin Grammy Awards 2010: Record of the Year".

El Último Trago - Le disque en intégralité

Se me Hizo fácil - Vidéoclip officiel - 2009

Les morceaux d'El Último Trago vinrent s'ajouter au corpus de chansons interprétées par Buika en concert, avec des accompagnements très divers, selon la configuration, changeante, de son groupe sur la scène. Toutes ces compositions furent écrites par des figures historiques de la chanson latino-américaine, à l'exception de Soledad, l'oeuvre d'un certain Fabregat Jodar. On recense ainsi quatre titres de José Alfredo Jiménez Sandoval (1926-1973), qui était un chanteur et un compositeur mexicain. Il créa un grand nombre de morceaux, principalement des rancheras, ou des huapangos, reconnus pour leur haute tenue sur un plan mélodique. Sans éducation musicale, ni ne jouant d'aucun instrument, José Alfredo Jiménez fut l'auteur d'un millier de chansons !

Orphelin de père, arrivé enfant à Mexico, devant contribuer à faire vivre sa famille, il exerça différents métiers, dont celui de serveur ou de gardien de but en première division mexicaine. Le restaurant où il travaillait était fréquenté par Andrés Huesca, un chanteur célèbre, qui écouta ses compositions et fut le premier à en enregistrer une, en 1948. José Alfredo Jiménez s'inspira, pour écrire, de ses propres expériences, principalement ses mésaventures amoureuses. Nombre de ses textes furent donc consacrés à ses compagnes. L'alcool s'avéra également très présent dans son oeuvre et dans sa vie. Il décéda, à l'âge de 47 ans des suites d'une cirrhose.

De son vivant, en sus de Chavela Vargas, des artistes tels que Jorge Negrete, Lucha Villa, Columba Domínguez, Pedro Infante, Irma Dorantes, Marcelino Quiroz, Alicia Juarez, Les Mariachis Vargas, Miguel Aceves Mejia etc. interprétèrent ses chansons. Plus tard, ses compositions, parfois traduites, furent enregistrées dans le monde entier et adaptées à de nombreux genres musicaux, du rock à la cumbia. On peut citer Amalia Mendoza, Luis Aguilar, Javier Solís, Vincente Fernández, Julio Iglesias, Lola Beltrán, María de Lourdes, Maria Dolores Pradera, Luis Miguel, Rocío Dúrcal, Joaquín Sabina, Antonio Aguilar, Plácido Dominguo, Jorge Valente, Mari Trini, Enrique Bunbury, Claudio Morán, Aida Cuevas, Mariachi Vargas de Tecalitlán, Belinda, El Tri, Maná, Moenia, Saúl Hernández, Miguel Mateos, Elefante, José Ange Ledezma "El Coyote", Julio Preciado, Valentin Elizalde, Maria Jiménez...

Las ciudades, en directo Festival de Castell de Peralada, Girona - Buika & Chucho

El último trago - Live Teatro del Estado Xalapa, Veracruz, México - 2014

Un mundo raro - XXIV Festival Cultural Zacatecas - Mexique 2010

Vamonos - Live Teatro del Estado Xalapa, Veracruz, México - 2014

El andariego - Live 2009

Álvaro Carrillo Alarcón (Cacahuatepec, 1919 - Distrito Federal, 1969) fut un chanteur et compositeur, qui écrivit plus de 300 chansons, dont de nombreux boleros. Amor mío, Sabor a mí, Como se lleva un lunar, El andariego, Luz de luna, Sabrá Dios, Seguiré mi viaje et La mentira furent les pièces les plus connues.

En 1935, il débuta sa carrière dans la musique, en écrivant les paroles de Celia, en l'honneur d'une camarade de classe dont il était tombé amoureux. À la même époque il écrivit La amuzgueña dédié à la femme d'un de ses amis, à la demande de celui-ci. Il conclut ses études d'ingénieur agronome, en consacrant une chanson à son école nationale d'agriculture. Sa vocation pour l'agriculture n'étant que relative, il se dédia entièrement à la musique dès son premier succès obtenu avec Amor mío, joué par le Trío Los Duendes. D'autres artistes mexicains, de grande réputation, commencèrent à interpréter ses oeuvres. Il devint également connu en participant à des programmes de radio ou de télévision. Sa chanson Sabor a mí fut enregistrée par Yoshiro Hiroishi, un chanteur japonais, puis par des français, grecs, autrichiens, anglais, italiens, hollandais, états-uniens etc. Álvaro Carrillo devint ainsi l'un des plus grands artistes mexicains, célèbre dans le monde entier. Le président de la République du Mexique, de 1958 à 1964, Adolfo López Mateos, le fit venir. Il chanta pour lui. Au moment où le président lui donna un chèque en blanc, lui demandant le montant à ajouter, il répondit qu'il ne voulait pas abuser de sa notoriété. Álvaro Carrillo décéda de manière tragique, avec son épouse, dans un terrible accident de la route.

Soledad - Live São Paulo - Brésil - 2014

Luz de Luna - Festival Internacional Chihuahua - Mexique 2009

Ángel Agustín María Carlos Fausto Mariano Alfonso del Sagrado Corazón de Jesús Lara y Aguirre del Pino, connu sous le nom d'Agustín Lara (1897-1970) fut l'un des compositeurs et interprètes mexicains les plus populaires de son époque. Surnommé "El Músico Poeta" ou "El Flaco de Oro", il fut également célèbre en Amérique centrale, en Amérique du Sud, dans les Caraïbes et en Espagne. Ses composition furent interprétées par des dizaines d'artistes mexicains ou étrangers tels que Josephine Baker, Luis Mariano, Plácido Domingo, José Carreras, Luciano Pavarotti, Andrea Bocelli, Joaquín Sabina, Miguel Bosé, Luz Casal etc.

Dès l'âge de 12 ans, il travailla comme pianiste dans les clubs nocturnes, expliquant à sa mère qu'il était engagé par un service de télégraphe. En 1917, il rejoignit le mouvement révolutionnaire, sous les ordres du général Samuel Fernández. Mais, blessé aux jambes, il regagna la capitale. Durant la décennie 1920, il joua dans les cabarets, les cafés et les salles de cinéma. À cette époque, il composa la chanson Marucha en l'honneur d'un de ses premiers amours. En 1927, une choriste appelée Estrella l'attaqua avec un tesson de bouteille, ce qui lui valut une cicatrice au visage. Dès 1929, il débuta sa collaboration avec le ténor Juan Arvizu, qui l'avait découvert et interprétait ses compositions. Agustín Lara enregistra alors son premier morceau, La prisionera. En 1930, il connut de grands succès avec son émission radiophonique "La hora íntima de Agustín Lara". Il écrivit et parfois interpréta de nouvelles pièces pour divers films, participa au programme radio "La Hora Azul"  et dirigea l'orchestre El Son Marabú. En 1932, il se produisit dans des théâtres de la ville de Mexico, puis lors de tournées en Amérique du Sud et à Cuba.  Sa notoriété s'accrut avec de nouveaux titres tels que Solamente una vez, Veracruz, Guitarra guajira/Palmera, Tropicana, Pecadora...

Les amours d'Agustín Lara défrayèrent la chronique, notamment son mariage en 1945, avec l'actrice mexicaine Maria Félix. Pour elle, il écrivit María Bonita, Aquel Amor et Noche de Ronda. Lui-même joua au cinéma, en différentes occasions. En 1953, il fut reçu par le président Adolfo Ruiz Cortinez, pour un hommage dans le "Palais des Beaux Arts". Il devint célèbre en Espagne, notamment en raison de sa série de chansons intitulées Toledo, Granada, Sevilla, Valencia, Madrid, Murcia qu'il avait composés avant de visiter la péninsule ibérique. Connaissant de graves problèmes de santé, il tomba dans le coma le 3 novembre 1970 et décéda trois jours plus tard. Son corps repose dans la "Rotonda de las Personas Ilustres" du "Panteón de Dolores".

Se me hizo facil - XXIV Festival Cultural Zacatecas - Mexique 2010

La poétesse mexicaine Rosarrio Sansores (1889-1972) et le compositeur équatorien Carlos Enrique Brito Benavides (1891-1943) ont leurs noms associés, bien qu'ils ne se soient jamais rencontré. Lui, mit en musique le poème d'elle - Cuando tú te hayas ido - lui donnant le nom de Sombras. Ce pasillo (un genre musical et une danse répandus dans certains pays hispano-américains) devint un hymne populaire, notamment en Équateur.

Rosario Sansores naquit à Mérida, au Mexique, en 1889. À l'âge de 19 ans, en 1909, elle accompagna, avec ses deux enfants, son mari cubain sur l'île. Elle collabora avec des titres de presse de La Havane - les hebdomadaires Bohemia et El Figaro lui ouvrant leurs pages - ce qui fit d'elle une figure connue. Bohemia publia une grande partie de son oeuvre, ainsi qu'une iconographie qui montrait la beauté de cette femme louée par ses amis et par les poètes. On releva sa participation à 255 éditions, cette oeuvre étant composée de 122 poèmes et de 145 textes en prose, parmi lesquels des articles, des chroniques ou des publications épistolaires sentimentales. Furent également notés les textes de promotion culturelle de ses livres et les compte-rendus de lectures publiques de poésie.

On la traita de sentimentale, ce qui ne lui importa guère, ses vers se lisant et se mémorisant tant que l'auraient désiré d'autres poètes plus estimés. Il est vrai que l'amour fut un sentiment omniprésent dans les créations de Rosario Sansores, ce qui révéla le tempérament romantique et passionné de leur auteur. En 1911, elle publia Ensueños y quimeras et Del país del ensueño. Ces recueils de poésie ne furent pas très bien accueillis par la critique spécialisée, mais furent rapidement épuisés chez les libraires. Ce fut la meilleure des récompenses pour une femme toute en sensualité qui donnait fréquemment une touche érotique à ses poèmes. Après avoir fait paraître Las horas pasan, en 1921, elle revint au Mexique où elle continua à publier ses vers dès 1925 (Mientras se va la Vida). En 1927, parut, à Madrid, Cantaba el mar azul. S'ensuivirent son Breviario de Eros, en 1930, La Novia del Sol, en 1933, Rutas de emoción, en 1954 etc. Il se disait également que sa colonne dans le journal Novedades était l'une des plus lues. Elle fut également l'une des plumes les plus suivies de La Familia, une revue mexicaine diffusée dans toute l'Amérique latine. Toujours active et populaire au long des années 1950 et 1960, elle  publia au Mexique une anthologie présentant une grande partie de son oeuvre. Rosario Sansores décéda dans la ville de Mexico, en 1972, à l'âge de 82 ans.

Sombras - Live Buenos Aires - Argentine - 2012

David Záizar Torres (1930-1982) était un chanteur surnommé "Le roi du falsetto". Il débuta sa carrière musicale auprès de son frère Juan, également chanteur et compositeur, avec qui il forma "Hermanos Záizar". Pendant un temps, ils perfectionnèrent leur technique vocale dans l'église d'un autre de leurs frères, qui était prêtre. David et Juan, créèrent avec Daniel Terán et Refugio Calderón le quartet Los Cantores del Bosque qui se produisit dans des radios locales. Les deux frères se rendirent alors dans la ville de Mexico et enregistrèrent, en 1951, leur premier disque, avec des morceaux tels que Cielo rojo, Sonar, Qué padre es la vida, La basurita et Cruz de olvido. En 1958, après avoir enregistré ensemble 38 LP, ils débutèrent leur carrière en solo. David connut le succès en interprétant des thèmes d'autres compositeurs tels que Cuco Sánchez, José Alfredo Jiménez, Tomás Méndez ou Agustin Lara. Il chanta des huapangos, avec des notes aigües, employant sa technique de falsetto.

David Záizar décéda le 2 janvier 1982, de complications cardiaques et respiratoires. Son nom fut donné à  une rue et à un musée dans sa ville natale de Tamazula. Un monument en son honneur fut érigé dans la ville de Mexico. Ses chansons furent reprises par de très nombreux artistes du Mexique et d'ailleurs.

Cruz de olvido - Live in Berlin - Allemagne 2012

Miguel Mario Clavell (1922 - 2011) fut un chanteur, compositeur, écrivain, et acteur argentin. Il est notamment connu pour avoir composé les titres Abrázame así, Somos ou Quisiera ser. Dès l'enfance, il se consacra à la musique avec des interventions, à l'âge de neuf ans, à la fête de fin d'année d'un collège ou sein du choeur de sa sa paroisse. Âgé de seulement 18 ans, il fit ses débuts professionnels en tant que crooner, notamment à la radio, sous le nom de Mario Clawell. En 1944, il commença à interpréter ses chanson et signa un contrat d'édition. Ses plus grands succès furent repris par des chanteurs ou des orchestres de son pays. Lui-même les enregistra dès 1946 et les interpréta sur différentes scènes. En 1949, il fit ses débuts au cinéma, chantant dans différents films. Il écrivit les morceaux ¿Por qué?, ¿Qué será de mí?, Hasta siempre, Porque tú lo quieres, ou Mi carta. Son grand sens de l'humour lui fit composer des airs divertissants tels que El hombre es como el auto, Maldita sea, Carlos María, En Shangai, Ha vuelto el charleston, El Vals alemán, La Bandita de Pepino, El circo, Es muy fácil el inglés, En casa de Lord James... Il fut le protagoniste de nombreuses tournées - après des débuts au Chili en 1950 - sur tout le continent sud-américain, visitant Uruguay, Pérou, Équateur, Colombie, Venezuela, Mexique et Porto Rico.

À l'aube des années 1950, il se maria avec l'actrice Marga Landova. En 1957, il intervint dans un spectacle musical dédié à la télévision de son pays. Entre 1959 et 1963, il participa à trois films mexicains. En 1962, il chanta Monica et Vaivén dans le film espagnol Buscando a Mónica. À partir de 1969, il passa cinq années en Espagne, ayant une émission radiophonique quotidienne et oeuvrant pour la télévision du pays. Mario Clavell présenta son propre spectacle de café-concert dans la salle Ales de Madrid. Dans le théâtre de la Reine Victoria, il inaugura un autre spectacle de music-hall intitulé El Oso y el Madrileño. Il présenta également un programme télévisé (Señoras y señores) et édita des disques pour le Venezuela.

À son retour en Argentine, en 1974, Mario Clavell participa à des spectacles avec Juan Carlos Mesa, Jorge Basurto, Carlos Garaycochea et Beba Bidart. Il prépara un One-Man-Show, qu'il présenta à la télévision, ainsi que dans des salles de spectacle et l'enregistra. Après une pause dans sa carrière, il sortit, en 1986, le disque 40 éxitos de Mario Clavell pour fêter les quarante ans de sa carrière artistique. Il travailla au Chili, en 1988, puis, en 1991, se rendit au États-unis pour la première fois, gravant à Miami, les dix-huit pistes d'un disque. Après être retourné en Floride en 1993, il donna vie, en 1996, à une production nommée Somos...una vida de canciones. De janvier à mai 2000, il se produisit comme acteur dans la pièce de théâtre Masters, qui reçut un accueil très favorable. Depuis, il continua à créer et à présenter ses shows. Il rédigea et publia les livres Saber hablar (Ed. Rialp, 1997), Los grandes boleros de Mario Clavell (Ed. Alfred Publishing Co, 1997), Somos...una vida de canciones (Ed. Producciones Iturbe, 1996) et Mi amiga, la canción (Ed. Corregidor, 2002), les deux derniers étant ses autobiographies. Seul avec une guitare, il proposa, en 2003, un nouveau disque de thèmes inédits intitulé El jugar romántico. Après avoir écrit d'autres chansons en 2004, il s'orienta, en 2005, vers un public enfantin, en produisant le disque Vivan los niños. Il fut déclaré "Personne exceptionnel de la culture" par les autorités de Buenos Aires. Ses derniers enregistrements datent de 2006. Dans les dernières années de son existence, il continua à donner des shows. Il décéda en 2011 à Buenos Aires, à l'âge de 88 ans, en raison de complications de son état de santé.

Somos - Santiago de Compostela - Espagne 2009

Julio César Isella (né en 1938) est un chanteur et auteur de musique folklorique argentine. Membre du groupe Los Fronterizos, de 1956 à 1966, il fut l'une des figures du mouvement "Nuevo Cancionero". Sa chanson Canción con todos est considéré comme l'hymne de l'Amérique Latine. Dans son enfance, il fut remarqué en gagnant des concours de chant. En 1954, à 17 ans, il intégra le groupe Los Sin Nombre qui se produisit avec Ariel Ramirez. Deux ans plus tard, en 1956, il faisait partie de la célèbre formation Los Fronterizos, remplaçant Carlos Barbarán et se joignant à Gerardo López, Eduardo Madeo et Juan Carlos Moreno. Dans ce quartet, López et Isella étaient des barytons alors que Madeo et Moreno, assuraient respectivement les voix aigüe et de basse. Los Fron­te­ri­zos furent parmi les artistes les plus remarquables de l'histoire du folklore argentin. Après qu'il eut intégré le groupe, cinq des compositions d'Isella furent enregistrées. De plus, il participa à la création de la Messe créole d'Ariel Ramírez, considérée comme l'une des oeuvres majeures de la musique argentine.

En 1966, sous le nom de César Isella, il entama une carrière solo, ce qui surprit le public, car Los Fronterizos étaient alors au sommet de leur popularité. Il expliqua que la rencontre, à Mendoza, avec Atahualpa Yupanqui, Armando Tejada Gómez, Oscar Matus, Tito Francia et Merces Sosa fut décisive. Ébloui par leurs répertoires, il souhaita les rejoindre dans le mouvement "del Nuevo Cancionero". Dès 1968, respectant cette nouvelle esthétique, il sortit un album nommé Estoy de Vuelta, interprétant notamment des morceaux écrits par d'autres (Zamba para no morir et  Milonga triste). En 1969, il composa la musique de Canción con todos, qui, avec les paroles du poète Armando Tejada Gómez, fut désignée par l'Unesco comme l'hymne de l'Amérique latine puis traduit dans trente langues. Un an plus tard, toujours avec Armando Tejada Gómez, il créa le spectacle América joven. En 1974, il reçut un prix pour son émission radiophonique Argentina canta así sur la chaîne Radio Continental, à Buenos Aires.

Durant la dictature militaire, son nom fut inscrit sur les listes de la censure. L'album Juanito Laguna (1976), réalisé avec Astor Piazzolla, Horacio Ferrer, Atahualpa Yupanqui, Gustavo Cuchi Leguizamón, Manuel J. Castilla, Armando Tejada Gómez, Eduardo Falú et Jaime Dávalos, fut interdit par le régime. Après s'être exilé, Isella revint en Argentine en 1983, avec l'élection démocratique de Raúl Alfonsin. Il donna alors des concerts historiques, notamment celui avec Silvio Rodríguez et Pablo Milanés, deux chanteurs censurés par le régime militaire. Un an plus tard, c'est avec Victor Heredia et Cuartelo Zupay, qu'il offrit le récital Canto a la poesía, reprenant des textes de Pablo Neruda, Maria Elena Walsh et José Pedroni. Cette représentation fut immortalisé sur un disque qui se vendit à 300 000 exemplaires. Toujours en 1984, César Isella organisa un concours pour les jeunes auteurs non publiés. Il reçut 1000 chansons parmi lesquelles il en choisit dix, qu'il grava sur le disque Frágil amanecer. En 1985, il apparut sur la scène du Teatro Alvear de Buenos Aires avec Armando Tejada Gómez, el Cuchi Leguizamón, Los Trovadores, Teresa Parodi, Los Carabajal, Los Huancara, ainsi que le Ballet folklorique national dirigé par El Chúcaro et Norma Viola. En 1987, il inaugura un programme radiophonique dédié à la diffusion de la musique qui perdura jusqu'à nos jours. Quelques années plus tard, en 1993, il sortit l'album Canción con todos, au bénéfice de l'Unesco, avec Joan Manuel Serrat, Silvio Rodriguez, Pablo Milanés, Tania Libertad, Guadalupe Pineda, Jairo, Manuel Mijares, Osvaldo Pugliese, Inti Illimani, Miguel Mateos, Astot Piazolla, Atahualpa Yupanqui et Leo Vitale. 

À l'occasion d'un sommet ibéro-améircain, en 1994, il interpréta Canción con todos et la fit chanter, en groupe, aux dirigeants, dont Fidel Castro, Felipe González, le roi Juan Carlos etc. De 1995 à 1997, durant trois éditions successives, il dirigea le Festival Nacional de Folklore de Cosquin, développant une politique de  participation de jeunes auteurs. Dans les années 1990, il découvrit et parraina la chanteuse Soledad Pastorutti. Pour ses cinquante ans de carrière, en 2007, Isella fit paraître l'album 50 años de simples cosas, ainsi qu'un livre autobiographique. Il fut le directeur du Teatro General San Martin et vice-président de la SADAIC (Sociedad Argentina de Autores y Compositores). Il mit en musique des poètes, tels que Nicolás Guillén, José Pedroni et Pablo Neruda, et composa nombre de thèmes connus, comme Fuego de Animaná, Canción de las simples cosas (avec des paroles du poète et écrivain Armando Tejada Gómez), Canción de lejos, Canción de la ternura, La patria dividida (poésie de Pablo Neruda) etc. En 2012, il fut nommé ambassadeur de la musique populaire latino-américaine au secrétariat de la culture de la présidence argentine.

                                                                                                           Stéphane Saubole

Las simples cosas - Festival de Peralada - Espagne 2009

Discographie 

Mestizüo, avec Jacob Sureda (2000)

Buika (2005)

Mi Niña Lola (2006)

Niña de Fuego (2008)

El Ultimo Trago, avec Chucho Valdès (2009)

En Mi Piel, compilation (2011)

La Noche Más Larga (2013)

Vivir Sin Miedo (2015)

Para Mí (2017)

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